Un groupe de riverains a invité l’ensemble des listes candidates sur l’entité de Profondeville à communiquer leur position par rapport aux carrières de Lustin. Voici la position officielle d’Ecolo Profondeville sur ce dossier.
1. Le site
L’activité des carrières de Lustin sur le site de Tailfer peut être divisé en trois zones.
– La zone principale d’extraction du grès, le synclinal de Walgrappe, au sud.
– La « dalle de Tailfer », où l’extraction du calcaire par des moyens mécaniques a donné un aspect particulier, ayant mené à une tentative de classement. Il est situé à l’extrémité nord du site.
– La zone intermédiaire entre les deux premières, qui a fait l’objet en son temps d’une extraction de calcaire et de marbre.
2. Un contexte environnemental exceptionnel
Le synclinal de Walgrappe présente un intérêt géologique exceptionnel et unique en Europe : c’est le seul endroit en Belgique où un synclinal peut être visible dans sa tranche. L’ensemble du site présente également un intérêt particulier en matière de biodiversité. Enfin, le site constitue un enjeu paysager ; il s’agit en effet de la seule et dernière carrière en activité à front de Meuse en amont de Namur.
3. Une industrialisation récente
Si l’exploitation de Tailfer à titre artisanal remonte probablement à la nuit des temps, cette activité a pris des proportions industrielles suite à un permis d’extraction accordé en 1999 à la SA Sagrex (anc. Gralex). Celui-ci n’impose ni limite temporelle ni tonnage maximal annuel, mais selon les permis, on évoque une activité de 300.000 à 400.000 tonnes/an. Cette montée en puissance s’explique principalement par l’arrêt pour des raisons environnementales des activités d’extraction de granulat de grès dans le Limbourg depuis 2005 et aux Pays-Bas depuis 2015. L’actionnaire de Sagrex, le Heidelberg Cement Group dont les principaux actionnaires sont établis à Ulm, New-York et Oslo, entend compenser cette diminution de l’offre par l’intensification de l’exploitation d’autres sites, notamment par des extensions de sites existants, dont Tailfer où Sagrex produit essentiellement du ballast, du gravier et des granulats destinés aux bétons et aux revêtements routiers.
4. Des rapports de force souvent défavorables
La Commune de Profondeville s’est toujours opposée à ce permis, mais a du faire face à la complaisance des Ministres wallons de l’environnement de l’époque, MM Lutgen père et fils (PSC-CDH), qui ont octroyé les permis contre l’avis communal et ont couvert le non-respect de certaines clauses du permis. La Ville de Namur n’est pas en reste, le bourgmestre Anselme (PS) ayant fait financer le quai de chargement de péniches par le Port Autonome de Namur, lorsqu’il en assurait la présidence. Rappelons que Profondeville ne tire, en taxes, que 34.000 EUR/an des carrières, soit moins que les taxes sur l’horeca (40.000 EUR) ou les enseignes lumineuses (170.000 EUR). Quant à l’emploi, le site emploie tout au plus une dizaine d’ouvriers.
A d’autres occasions, les forces vives locales ont pu obtenir gain de cause. En 1995, la Commune a notifié à l’exploitant plusieurs infractions dont des dépassements de la zone d’extraction autorisée, toujours visible vers le sud. Des dépôts de stocks sur des parcelles non autorisées au pied de la dalle de Tailfer avaient conduit l’ASBL Profondeville-Lustin Perles de la Meuse à saisir un tribunal et obtenir l’interdiction de tout dépôt de stock sur cette parcelle.
5. Les menaces liées à la carrière
Il s’agit d’abord des nuisances liées à l’extraction (tirs de mines, dégradations paysagères et environnementales irréversibles) et à l’activité des concasseurs : poussières, pollution sonore et lumineuse. Il s’agit ensuite d’inconvénients liés au trafic des quelques 3800 camions par an qui acheminent les cailloux sur nos routes. Enfin, il s’agit aussi de nuisances liées au non-respect des permis : dépassement de périmètre d’extraction, absence de butte de protection le long de la route jusqu’en 2018, après 15 ans d’infraction impunie à ce jour.
Il s’agit ensuite des menaces liées aux projets d’extension de la carrière. Sagrex ne fait pas de mystère de son intention de creuser un véritable canyon entre la dalle de Tailfer et la zone actuelle d’extraction du grès. Cette percée perpendiculaire à la vallée rejoindrait l’ancienne carrière des Montys vers l’est. Un tel scénario serait bien évidemment une catastrophe pour nos paysages et notre environnement.
6. La position d’Ecolo Profondeville
Ecolo entend oeuvrer pour une réduction maximale de l’exploitation industrielle de Tailfer. Arrêtons de laisser une multinationale démolir notre belle vallée !
Ce qu’il est impossible d’éviter, nous devons l’encadrer au mieux. Nous promouvons un dialogue serein au sein du comité d’accompagnement des carrières présidé par Dominique Cheval, notre conseiller communal Ecolo. Nous entendons continuer à jouer ce rôle constructif et reconnu.
Nous souhaitons aussi éviter de créer des conditions trop favorables à l’activité carrière. A cet égard, la création de la N931 entre Mont-Godinne et la N4 doit être évitée car le renforcement du réseau routier pourrait être pris comme argument par Sagrex pour augmenter le charroi de camions.
Mais il faut aller plus loin. Afin de prévenir toute vélléité d’extension, l’autorité communale doit mener un travail de fond à plusieurs niveaux :
• Tout d’abord, conforter les ressources de l’administration communale sur ce dossier. Ceci afin notamment de veiller au respect strict des conditions d’usage prévues par les permis.
• Ensuite, entretenir un dialogue proactif avec l’ensemble des parties prenantes : Gouvernement et Parlement wallon, SPW, Port autonome de Namur, communes voisines, Contrat de Rivière Haute-Meuse, Monuments et Sites, monde académique, exploitants et, bien entendu, riverains et comités de défense.
• Enfin, et surtout, la Commune doit sortir de sa posture défensive et se doter d’une vision stratégique forte en matière de développement territorial, opposable aux projets d’extension. Outre la révision des zones actuellement classées en extension d’extraction au plans de secteur, Ecolo entend miser sur un développement touristique de proximité, soit une vision qui bénéficie directement aux habitants, dans lequel la qualité et la beauté de notre cadre de vie et de notre environnement sont valorisées plutôt qu’irrémédiablement endommagées.
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Contact : Bernard Dubuisson, 0479 41 68 60